1 Mi Tamou الخميس ديسمبر 29, 2011 12:41 pm
mostafa
عضو فعال
Mi Tamou : une forte tête
Il y a toujours eu dans les doukkalas des femmes au caractère bien trempé. Certaines sont devenues des mythes telles que la "comtesse" Aicha, un foudre de guerre ou l'épouse d'un certain roi ; et d'autres encore.Mais parlons d'abord de ba Kacem. C'était un homme un peu tête en l'air qui malgré son âge avancé, faisait encore des bêtises. La dernière en date? Il rentra du souk... Pieds nus. La bonne nouvelle! Et pourquoi donc ? Oh il rencontra un malheureux à moitié dévêtu et pieds nus. Pris de pitié , il lui offrit ses babouches et rentra donc pieds nus . "Des babouches toutes neuves" fulmina mi Tamou, sa femme , " Vous vous rendez compte !". Ba Kacem était un homme d'un autre temps. Il jeûnait à peu près un jour sur deux et il serait fastidieux de vous énumérer toutes ses "bêtises". Pour les babouches, il protestait énergiquement et disait: "de toute façon, j'en avais pas besoin puisque je préfère marcher pieds nus". Logique de rupture entre un homme porteur de valeurs souffies et la société. Toujours est-il, il fut interdit de souk et c'est mi Tamou en personne qui allait y aller.Mi Tamou, c'est ainsi que tout le monde l'appelait, est rentrée ce jour-là épuisée du souk thlat (sidi Bennour). De suite après le dîner, elle alla se coucher et dormit d'un sommeil de plomb. Vers trois heures du matin, elle se leva et machinalement se dirigea vers l'enclos du veau. Mais qu'elle ne fut pas sa surprise de constater que le bovin s'était volatilisé... Calmement elle réveilla ba Kacem et lui annonça le désastre. Puis comme un général, elle distribua ses ordres : "le chien n'ayant pas aboyé, le voleur est donc un familier" dit-elle, "allez vérifier qu'un tel et un tel sont bien chez eux". Il manqua à l'appel une personne. Par chance, il avait plu cette nuit là et c'était un jeux d'enfants pour ba Kacem de suivre "à la trace" pour ainsi dire, le veau jusqu'à la grande route goudronnée (manjoura).Mi Tamou ordonna à son monde de rentrer à la maison et de ne pas s'inquiéter: "par la grâce de sidi m'hamed ragragui, ce soir je serai de retour avec le veau". Elle attendit tranquillement le lever du jour puis se mit à examiner les bas côtés de la route dans un sens puis l'autre puis prit sa décision : "ce sera Larbaat mogrouss".En effet c'était un mercredi, et il y a deux marchés de bovins ce jour-là. Un à Larbaat aounate et l'autre, dans le sens opposé à Larbaat mogrouss. Il ne fallait pas se tromper de marché sinon adieu veau... Elle s'y rendit donc, bien emmitouflée dans son haik, de sorte qu'on ne puisse plus la voir.Nous voilà dans la rahba des bovins, Mi Tamou repéra son animal puis sculpta le visage du vendeur et reconnu le voyou. Elle lui cria ensuite "ennemi de dieu combien tu vends ta rapine?" Ha l3ar a mi Tamou (1) supplia le brigand mais elle l'attrapa par le collet, et de la poigne mi Tamou elle en avait! Seuls les gendarmes sont arrivés à lui faire lâcher prise. Ceux-là même ont voulu garder le veau à la fourrière et suivre je ne sais quelles procédures mais vite ils capitulérent devant l'auguste Mi Tamou. Et comme promis elle rentra victorieuse dans son douar avec son bien.Quand ba Kacem (2)apprit le nom du malfaiteur. Ce n'était autre que son voisin! Il était furieux. " Puisque qu'il manquait d'argent, pourquoi n'a t-il rien dit? J'aurais pu l'aider. Mais non il fallait qu'il vole. Quelle honte !"
(1) intraduisible je vous supplie
(2) fait penser au personnage de l'evêque dans les misérables de Victor Hugo.
Il y a toujours eu dans les doukkalas des femmes au caractère bien trempé. Certaines sont devenues des mythes telles que la "comtesse" Aicha, un foudre de guerre ou l'épouse d'un certain roi ; et d'autres encore.Mais parlons d'abord de ba Kacem. C'était un homme un peu tête en l'air qui malgré son âge avancé, faisait encore des bêtises. La dernière en date? Il rentra du souk... Pieds nus. La bonne nouvelle! Et pourquoi donc ? Oh il rencontra un malheureux à moitié dévêtu et pieds nus. Pris de pitié , il lui offrit ses babouches et rentra donc pieds nus . "Des babouches toutes neuves" fulmina mi Tamou, sa femme , " Vous vous rendez compte !". Ba Kacem était un homme d'un autre temps. Il jeûnait à peu près un jour sur deux et il serait fastidieux de vous énumérer toutes ses "bêtises". Pour les babouches, il protestait énergiquement et disait: "de toute façon, j'en avais pas besoin puisque je préfère marcher pieds nus". Logique de rupture entre un homme porteur de valeurs souffies et la société. Toujours est-il, il fut interdit de souk et c'est mi Tamou en personne qui allait y aller.Mi Tamou, c'est ainsi que tout le monde l'appelait, est rentrée ce jour-là épuisée du souk thlat (sidi Bennour). De suite après le dîner, elle alla se coucher et dormit d'un sommeil de plomb. Vers trois heures du matin, elle se leva et machinalement se dirigea vers l'enclos du veau. Mais qu'elle ne fut pas sa surprise de constater que le bovin s'était volatilisé... Calmement elle réveilla ba Kacem et lui annonça le désastre. Puis comme un général, elle distribua ses ordres : "le chien n'ayant pas aboyé, le voleur est donc un familier" dit-elle, "allez vérifier qu'un tel et un tel sont bien chez eux". Il manqua à l'appel une personne. Par chance, il avait plu cette nuit là et c'était un jeux d'enfants pour ba Kacem de suivre "à la trace" pour ainsi dire, le veau jusqu'à la grande route goudronnée (manjoura).Mi Tamou ordonna à son monde de rentrer à la maison et de ne pas s'inquiéter: "par la grâce de sidi m'hamed ragragui, ce soir je serai de retour avec le veau". Elle attendit tranquillement le lever du jour puis se mit à examiner les bas côtés de la route dans un sens puis l'autre puis prit sa décision : "ce sera Larbaat mogrouss".En effet c'était un mercredi, et il y a deux marchés de bovins ce jour-là. Un à Larbaat aounate et l'autre, dans le sens opposé à Larbaat mogrouss. Il ne fallait pas se tromper de marché sinon adieu veau... Elle s'y rendit donc, bien emmitouflée dans son haik, de sorte qu'on ne puisse plus la voir.Nous voilà dans la rahba des bovins, Mi Tamou repéra son animal puis sculpta le visage du vendeur et reconnu le voyou. Elle lui cria ensuite "ennemi de dieu combien tu vends ta rapine?" Ha l3ar a mi Tamou (1) supplia le brigand mais elle l'attrapa par le collet, et de la poigne mi Tamou elle en avait! Seuls les gendarmes sont arrivés à lui faire lâcher prise. Ceux-là même ont voulu garder le veau à la fourrière et suivre je ne sais quelles procédures mais vite ils capitulérent devant l'auguste Mi Tamou. Et comme promis elle rentra victorieuse dans son douar avec son bien.Quand ba Kacem (2)apprit le nom du malfaiteur. Ce n'était autre que son voisin! Il était furieux. " Puisque qu'il manquait d'argent, pourquoi n'a t-il rien dit? J'aurais pu l'aider. Mais non il fallait qu'il vole. Quelle honte !"
(1) intraduisible je vous supplie
(2) fait penser au personnage de l'evêque dans les misérables de Victor Hugo.